première histoire page 19

Elle attrape de grandes brassées de buissons et herbes à éliminer, sort de la caldeira, approche du bord de la falaise, sur un promontoire, les jette au loin, et les regarde tomber jusqu’à la zone de mouillage utilisée par les navires de l’inquisition. elle fait deux autres tours, observe chacun des morceaux tomber où planer à sa façon et heurter l’eau avec rudesse ou s’y poser en douceur. Elle les compare aux oiseaux, maigres ou dodus et aux chauves-souris. Elle voit un groupe de goélands se rapprocher des débris végétaux, et compare leurs différents vols. La plupart volent pour se nourrir, quelques uns sortent du lot avec un vol maîtrisé. Deux goélands volent en puissance et grâce jusqu’à elle
Ils ont franchi rapidement l’ascension des quatre cent toises du niveau de la mer jusqu’à elle. Le plus grand des deux la scrute intensément. Ils maintiennent un vol stationnaire plusieurs minutes à dix ou douze pieds d’elle, qui a l’impression qu’on essaie de lire dans son esprit. puis l’aîné se retourne replie en entier ses ailes, pique avec une accélération terrible vers les volatiles en quête de nourriture sur l’eau. Après avoir franchi verticalement deux encablures, il sort ses rémiges pour contrôler son vol, dans le rugissement du vent, puis deux autres, Il déploie en entier ses ailes avant de dépasser les autres oiseaux puis entame une boucle verticale, se pose au milieu d’eux pattes tendues sur le plus gros buisson. Le deuxième goéland quitte la Dame, effectue la même manœuvre avalant presque aussi bien les quatre cents toises. la Dame qui n’en a pas perdu une miette, admire la maîtrise du vol de ces deux oiseaux, imagine la chute et la force nécessaire pour freiner. Elle aperçoit un aileron, descend à la plage pour nourrir ce requin bleu familier. Afin d’économiser pour le départ, elle lui offre un bras. Ce marin est entamé par divers crustacés, crabes et langoustes qui refusent de lâcher leur dîner, elle les rassemble tous par une patte, et lance le bras dans la direction du requin, puis remonte au camp avec sa pêche miraculeuse, n’ayant pas trop de deux mains pour tout tenir.

Ils partagent un dîner composé de leur provisions et de la pêche et discutent de leur retour au royaume de Bretagne et de la route à suivre.

Après une nuit calme, ils s’occupent des préparatifs. Frédérick taille des flèches rudimentaires et tire à vue sur toutes les chauves-souris. Arthur et Philippe clôturent l’entrée de la caldeira. Bertrand récolte des herbes médicinales avec la Dame, donnant pour chacune nom latin et vernaculaire. Elle retient facilement les noms, propriétés et préparations. Elle les hume et les goûte, associant le tout dans sa mémoire. Il lui montre des herbes utilisées lors des soins après les combats, dont il ne reste plus que des miettes. Elle parcourt l’île, concentrée sur son odorat et rapporte deux variantes locales, qui vont combler une partie des plantes manquantes. Bertrand s’émerveille en silence et prépare les herbes pour les conserver. Les cinq déjeunent et dînent de chauve-souris grillées agrémentées d’herbes locales et de coquillages. Au quatrième matin, dès l’aube ils sont tous prêts, ayant partagé leur dernières provisions entre les trois repas de la journée, comptant sur l’île voisine ou sur le navire qui doit arriver. Ils descendent à la yole, vérifient sa coque. Arthur fait un bon nœud à la proue, un autre coulant qu’il confie à la Dame. Tous aménagent le passage de la yole sur la grève, puis à moitié soulevant à moitié poussant la mettent à la mer. Les quatre chevaliers embarquent, la Dame avance en mer, tenant l’extrémité du cordage, remue l’eau, guette l’horizon à la recherche d’une voile au loin ou d’un aileron, qu’elle finit par apercevoir. Elle s’adresse aux hommes et leur explique qu’elle va tenter de les faire remorquer par un requin bleu amical et qu’elle avait gardé à cette fin les restes d’un marin mort, l’un des deux tués par les mains noires.

Elle libère le tronc du marin, récoltant au passage trois douzaines de crustacés qu’elle nettoie et jette à bord. Ce qu’il reste de l’homme n’est pas beau à voir. Elle l’attache solidement entendant dans la barque quelques hauts-le-cœur. elle caresse le nez et les ouïes du requin qui se frotte contre elle. Arthur estime l’animal à quatorze pieds de long et observe son profil effilé se dit qu’il doit nager à la vitesse d’un cheval au galop. La Dame présente le tronc, qu’il goûte, court dans l’eau penchée en avant la main gauche serrée autour du cou décharné La corde se tend et la yole démarre doucement. Les chevaliers s’assoient et trient les crustacés, Arthur placé à l’avant vise l’autre île et guide la Dame, qui ralentit à cause de l’inertie de l’embarcation, le squale démarre en trombe, se saisit du tronc et accélère, elle secoue le corps et s’oriente suivant les indications du Comte, la yole dépasse la vitesse que peuvent obtenir six rameurs et il faut peu de temps pour franchir une demi lieue. la mer est calme et la yole, bien conçue, file bien, l’étrave plongeant un peu. Le requin fatigué, s’arrête le temps d’une caresse, englouti des lambeaux de lard, puis repart à allure modérée. Ils parcourent trois lieues en trois heures consommant le tronc, le requin finit par partir vers d’autres occupations au moment où le fond remonte dans l’eau claire. La dame allonge son corps et prend appui quatre toises sous l’eau et marche vigoureusement, l’île se rapprochant rapidement. Deux heures sont nécessaires pour accoster

Chapitrage

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