Dans l’escalier, la Dame annonce à ses camarades qu’elle a entendu une cloche. Dehors, le jour touche à sa fin. Ils déplacent les chevaux.
Ils montent un camp plus bas près de la rivière. La nuit, la Dame portant sa cape, étudie en détail l’anatomie des ailes des chauves-souris. Plusieurs perçoivent de légers tintements apportés par le vent d’est. Ils ne doutent plus mais s’inquiètent de navires près de la côte est. L’île n’est pas sur les cartes, et est peu connues des navigateurs, la présence de bateaux pendant leur séjour ne présage rien de très bon.
Au petit matin, Frédérick part vers l’est pour soulager ses entrailles. Se relevant, il aperçoit une voile dans les lueurs orangées du matin. Il se rapproche du bord de la falaise et trouve trois navires de guerre aux couleurs de l’inquisition à l’ancre à une encablure de la côte. Il court prévenir Arthur qui ordonne de lever le camp et d’en effacer les traces après un déjeuner expédié. Ils reprennent le chemin au nord.
Frédérick élimine les traces de leur passage. Philippe installe les chevaux dans un autre coin d’herbe drue à l’abri du vent. Ils descendent. Arthur devant, épée dans la dextre, lanterne dans la senestre. Ensuite Philippe épée et écu, la Dame, Bertrand épée et écu, Frédérick son arc.
Rien n’a bougé. Reste quelques lueurs bleutées dans les orbites des cadavres. Une tête toute seule, claque des mâchoires par intermittence. Bertrand, devant l’horreur du lieu, puisant son inspiration à travers les siècles, par delà la mort et le temps, déclame d’une voix lugubre « N’est pas mort ce qui à jamais dort, et au long des siècles peut mourir même la mort »
Arthur prend pied pour la troisième fois dans le couloir, accueilli par un vent tiède et sec. Le couloir fait environ vingt toises de long. Le couloir descend en pente régulière sur environ six pieds. Arthur entre dans une salle hémisphérique de douze pas creusée dans du basalte. Il avance au milieu de la salle. Le plafond est lisse, piqueté d’étoiles dorées et argentées, des douzaines de constellations sont tracées. Chacun entre et admire ce plafond merveilleux, plus vrai que nature qui luit grâce à la lanterne. Le couloir est au sud, le lutrin au nord. Six autels de basalte tachés de sang séché sont répartis sur le pourtour de la salle, rajoutant une ambiance lugubre et désagréable au lieu.
Frédérick regarde le plafond une minute et dit : c’est criant de vérité et on dirait le ciel de la nuit passée, assez détaillé pour y croire.
Bertrand examine le tour de la salle et trouve vingt cinq tableaux à même la pierre douze à gauche, douze à droite, un en face du couloir.
Bertrand : Ces tableaux me font penser à ceux représentant le chemin de croix de Jésus vu dans une église chez les Franciscains. C’est une chronologie.
Arthur avance vers le lutrin sur lequel est posé le livre. C’est un volume de grande taille renforcé sur tous les bords avec du bronze épais. Les maillons de le chaîne sont long comme la main et épais comme le pouce. L’extrémité de la chaîne est scellée dans le sol sous le lutrin.
Arthur arrive à deux pas du livre qui s’ouvre et une mélopée se fait entendre. Une ombre brumeuse à forme humaine apparaît sur chaque autel. Les formes sont allongées comme si elles avaient dormi là, mais ne tardent pas à s’élever dans les airs et à vouloir s’approcher des hommes.
Une ombre va vers Philippe, une autre vers Frédérick, deux vers Arthur, autant vers Bertrand. La Dame n’est pas attaquée par ces créatures. Chaque ombre vise la tête. Ils esquivent de leur mieux. Leurs épées passent au travers des ombres sans effet visible. Arthur lâche son épée Il prend l’épée brisée, frappe et découpe un morceau comme s’il s’agissait de fumée. Bertrand verse son huile bénite dans son fourreau et rengaine son épée puis la ressort, laisse l’huile se répartir de la pointe vers la garde. Philippe s’enfuit. Frédérick, touché reste paralysé.
Arthur tente plusieurs coups de taille avec ce qu’il reste de l’épée du Paladin, enlevant de menus morceaux aux deux ombres qui l’attaquent. Bertrand esquive et tranche le bras d’une ombre. Le membre se dissipe. L’ombre qui a paralysé Frédérick rentre dans sa tête puis disparaît.