Philippe : les chevaux n’auraient très peu à manger sur l’autre île, prendre le risque de les faire traverser pour les empoisonner ensuite, il vaut mieux les laisser dans la caldeira, avec de l’herbe et de l’eau à foison. Il serait bien de les remporter avant la fin du printemps.
Bertrand : Si le capitaine du navire tient parole, il sera là dans deux ou trois jours, je pense qu’il ne faut pas partir avant quatre jours
Arthur : Au matin dans quatre jours nous chercherons une voile à l’horizon, et nous prendrons la mer si il n’y a rien, d’ici là repos.
Frédérick : J’espère que parmi le gibier de l’autre île, il y a des lapins, des lièvres, pour nous donner de bons rôtis vu qu’il y a du bois.
Bertrand : Même dans le royaume de Grande Bretagne, les lapins existent car les romains les ont apportés pour leur usage et ils sont restés.
Philippe : on rôtira tout ce qui se mange rôti. Nos provisions s’épuisent. Si le navire ne vient pas l’autre île nous offrira ses ressources.
Après une nuit tranquille, dès l’aube chacun se lève, Bertrand commence par sortir sa bible et lit un passage en silence, la Dame s’approche.
La Dame : Si vous le souhaitez Bertrand, je peux manger ce livre aussi si c’est utile, il est beaucoup plus petit et passera plus facilement.
Bertrand : Surtout pas c’est mon bien le plus précieux, il n’est ni malin ni mauvais de lui même. Pourtant certains en font un mauvais usage Je vous propose de le lire, il est écrit en latin, de vous apprendre à le lire si vous ne savez pas lire cette langue. Mais Savez vous lire ?
La Dame : Je ne sais pas. Je ne sais pas si je sais lire. Je veux apprendre le latin et lire ce livre puisque c’est vous qui le conseillez.
Bertrand lui donne des rudiments d’alphabétisation et de latin explicitant les déclinaisons. Elle lit très lentement au début, avec son aide les premières pages de l’ouvrage, puis lui emprunte. Ensuite elle continue seule, lisant laborieusement, s’aidant d’un doigt puis plus vite. les mots latins s’impriment dans son esprit comme si ils y avaient déjà leur place. Quand il va dormir, elle lit vite à la lueur des étoiles. Elle termine à l’aurore. Peu de passages font sens pour elle moins à cause de la construction du latin qu’à l’ensemble de concepts étranges. Son expérience humaine se compte en jours, elle a compté quatorze aubes, et n’a aucun souvenir d’avant. Elle a vite compris la faim, la peur la propriété, la générosité, la camaraderie et le danger. Elle a senti la peur et la mort des autres. Il lui reste encore beaucoup découvrir. Manger deux livres, l’un avec la bouche, l’autre avec les yeux n’est pas assez pour comprendre le monde, avec une nette préférence pour lire. Elle rend son livre à Bertrand quand celui-ci se réveille et lui explique qu’elle a tout lu mais que la majorité lui est restée étranger.
La Dame : Il y a beaucoup trop de malheur distribué sur tout et tout le monde, souvent pour des raisons bizarres, loin de la bienveillance.
Bertrand : Ce livre est notre histoire, mais qu’est ce que l’histoire ? C’est l’histoire de nos malheurs. C’est l’histoire de nos crimes. En effet qu’est ce que l’Histoire ? Que retient l’Histoire ? Elle retient que rois et peuples se faisaient la guerre et se tuaient entre eux.
Le débat se poursuit lors du petit déjeuner autour du feu Bertrand cherche à organiser ses penser et se mettre à la portée de la jeune femme.
Bertrand : Mes longues études ecclésiastiques me donnent les moyens de donner une réponse globale, le fait qu’on m’ait retiré mon ministère me donne le recul pour penser librement. L’ancien testament, ses dix commandements a été balayé par Jésus qui n’a conçu que deux commandements. Voici le premier : le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur et Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. Marc12 : 29-31. De mon point de vue le deuxième est le plus important. Le premier commandement c’est pour l’humilité.
Ils devisent, il explique le tournant pris par les chrétiens en 325, Constantin se servant de la religion pour assujettir l’empire romain.
Elle retourne ensuite à la mer, voit un aileron au loin, remue l’eau et prépare un morceau de marin quand elle voit approcher le requin bleu Puis elle va voir Arthur et lui annonce qu’elle a peut être une idée pour tirer la yole plus facilement. Lui ainsi que Philippe et Frédérick sécurisent la caldeira pour un séjour des chevaux de plusieurs mois Ils éliminent les buissons probablement toxiques et les pierres pointues.