première histoire page 21

L’inquisiteur dans sa tenue rouge travaille sur un livre constitué de vingt cahiers de folios en vélin. Son écriture précise à la plume d’oie est couchée dans une langue qu’il a inventée afin de cacher ses secrets. Il brouille les pistes en posant sur la plupart des pages des illustrations de botanique ou d’astronomie. C’est le treizième livre de la série de ses écrits caché, qu’il avait commencé en novembre à vingt cinq ans après avoir aperçu la comète qui lui avait susurré des mots à l’oreille et qui n’a jamais cessé.

Il range son livre quand quelqu’un frappe à la porte. C’est l’officier qu’il avait envoyé chercher le grimoire. Il se présente à lui fatigué et meurtri, le bras droit en écharpe.

L’officier fait son rapport, raconte les voyages, les embûches, les créatures surnaturelles, les décès et les morts qui marchent et l’absence du grimoire.

Dès le départ, il lui adresse son intense regard inquisiteur et le voit fondre, sa voix et perd en assurance.

Après un regard très intense qui fait frissonner l’officier, il lui adresse un ordre

« Très bien capitaine, maintenant, dites nous la vérité. »

Cette injonction lui va droit au cerveau et contre sa volonté, d’abord balbutiant puis avec un débit fluide, il raconte tout pleurant de détresse et de rage.

A l’évocation d’Arthur Richemont, l’inquisiteur jusque là impassible, hausse un sourcil. Et quand le capitaine décrit une femme étrange et belle, qui a entre autres mangé le gros manuscrit qu’il était venu cherché, il sourit pensant qu’il avait retrouvé la trace de sa créature qu’il croyait morte.

« Capitaine, vous prendrez la tête de mes meilleurs hommes pour la direction de l’ouest, vous avez ordre de déployer sur toute la côte mes gens avec consigne d’intercepter et de m’amener ces cinq individus. Pour aiguillonner votre zèle et votre manque de fidélité, je vous annonce que je punirais vos manquements. Pour chacun de vos ascendants et descendants encore en vie, ainsi qu’à vous même, vous répondrez en fonction de la faute d’un bras, d’une jambe, d’un œil ou  de la langue. » Il fit le geste de trancher le bras à l’épaule droite de sa plume d’oie. « Partez sur le champs »

L’officier quitte les lieux, l’inquisiteur verrouille son bureau, attire une chaise à gauche de la porte devant une tenture, soulève la lourde étoffe, découvre un miroir ovale dont le pourtour est richement décoré de formes animales et d’appendices de même nature. Il se concentre sur la surface, son reflet disparaît laissant la place à un brouillard gris puis à un visage argenté.

Il s’ensuit un dialogue inaudible d’esprit à esprit.

L’inquisiteur, par la menace, obtient des informations sur sa créature. Le miroir revient sur sa déclaration et confirme qu’elle a survécu, avalé le livre et gagné en puissance. Elle accompagne et renforce un groupe de chevaliers constitués du jeune Arthur Richemont, du diacre défroqué Bertrand Torreux du Guesclin et de deux jeunes noblaillons sans importance.

Ils sont en route vers la Bretagne à bord d’une yole de vingt huit pieds regrée par leur soin.

L’inquisiteur ouvre une armoire forte cachée derrière son siège derrière une tenture, dans une niche. Il sort une petite jarre de porcelaine opalescente. Il la tient fermement des deux mains et donne des ordres dans une  langue gutturale puis l’ouvre dans l’âtre . Une fumée s’échappe en spirale et disparaît par le conduit.

Chapitrage

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