première histoire page 7

De la grève couverte de galets, monte un chemin semé de cailloux, marqué d’ornières et de trous, qui doit être un torrent par grosse pluie.
Ils tiennent leur chevaux par la bride et commencent à monter vers le plateau. Chargée légèrement, elle les dépasse vite et marche en tête. Deux mains grises minérales sortent du roc, lui attrapent les chevilles et les broient dans un double craquement sonore. Elle tombe assise. Elle sort ses dagues et frappe simultanément chacune des deux mains qui lâchent prise et disparaissent dans le sol dur. Elle range ses armes. Elle remet un à un les morceaux d’os en place, masse ses pieds, ses compagnons s’inquiètent, se relève quand l’enflure violacée disparaît.
Frédérick inspecte le chemin, trouve auprès d’elle des éclats de pierre grise, fragments de la créature, différents de la rocaille noire.
Bertrand : J’ai cru que vos pieds étaient cassés, quelle chance, il m’aurait fallu quatre semaines au moins pour vous soigner et limiter l’infirmité.
Ils reprennent leur marche, les épées et les dagues au clair et atteignent un plateau pentu aride avec des touffes sèches et une herbe rase. Il y a des buissons torturés par le vent mais pas d’arbre.

Les sonorités lugubres, presque des voix, comme des plaintes ou des gémissements hérissent les poils de Arthur et Frédérick et font frissonner Philippe.

Bertrand : En avant, compagnons, ce n’est que le vent.

Plus haut, un champ de ruines, des colonnes étêtées, des murs écroulés et des gravas.
Vigilants, ils passent deux heures à grimper la pente avant de laisser paître les chevaux au pied d’un mur moussu ceinturé d’herbes grasses
A l’intérieur d’un ensemble de colonnes, au milieu d’un toit écroulé ils découvrent un autel de pierre brisé qui laisse deviner un escalier souterrain.
Elle sent une odeur animale inconnue et perçoit une multitude de petits cris aigus et suraigus. Arthur et Philippe dégagent les gros morceaux de l’autel. Ils découvrent des marches humides, encombrées de gravas et de filaments de champignons, trois grosses chauves souris sortent des ténèbres et s’enfuient à tire d’ailes.

Bertrand : Il n’y a pas de bois sur cette île, pour se chauffer et cuisiner, peu de chose pour éclairer, heureusement que j’ai une lanterne.

Arthur : Je n’envisage pas de craindre de grands prédateurs, pas besoin de feu pour éloigner les animaux. On doit pouvoir chasser du gibier, des oiseaux de mer, des lapins peut être. Nous essayerons de trouver du bois flotté pour faire du feu et améliorer notre ordinaire. Descendons voir. L’objet de notre quête est forcément caché quelque part, il doit rester une construction souterraine ensevelie ou cachée sous les décombres.

Ils descendent, d’abord Arthur puis Philippe armés tous deux d’épées et d’écus, casqués, visières rabattues, ensuite la Dame, les mains vides. Bertrand avec sa lanterne portée haut de la main gauche, son épieu prêt à frapper dans la droite. Frédérick ferme la marche avec son arc.

L’escalier descend d’une trentaine de marches, encombrées au début, de plus en plus glissantes vers le bas puis un couloir humide et étroit. Ils arrivent dans une salle de forme oblongue partiellement creusée dans une roche volcanique, le plafond est haut et couverts d’aspérités.

Une nuée de chauve-souris tombe du plafond et tente de mordre, une douzaine vise la peau nue. Les chevaliers, armurés et casqués y échappent. Elles mordent la chair puis tombent inertes, leur gueules bouillonnantes et fumantes. Elle essuie vite ses blessures sur ses bras et ses jambes et son cou avec son chiffon gris. Bertrand, qui voit la scène de près et en pleine lumière, blêmit, se signe et en appelle à la Sainte Mère. Les morsures disparaissent vite.

Arthur et Philippe s’avancent et massacrent les volatiles. Les dernières s’enfuient par l’escalier. Les héros reprennent leur souffle en cherchant une autre menace.  Deux chevaux hennissent, Philippe ressent leur peur et colère. Ils rebroussent chemin, les chevaux sont agités, celui d’Arthur a la bouche ensanglantée, une énorme chauve souris broyée sous ses sabots antérieurs. Deux autres grosses chauves souris sont collées au flanc de chevaux, suçant leur sang. Philippe les ôte en douceur une à une, et les piétine. Les dernières cherchent un abri dans les ruines. Frédérick en abat deux, en plein corps, prenant soin de protéger ses flèches de la chute. Les trois dernières, les plus petites, partent au nord, disparaissent derrière une crête.

Frédérick : Qui veut manger de la chauve souris ? Bouillies ou en brochette ?

Philippe : Plus tard peut être si on arrive à faire une cuisson appétissante.

Chapitrage

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