Arthur : Celle-ci à l’air plus accueillante, couverte d’arbres.
Bertrand : Par un simple calcul avec ces deux sommets plus hauts, je pense que cette île est à cinq lieues d’ici, donc quatre lieues du bord.
La Dame : Je dois pouvoir franchir la distance dans la journée, en partant au petit matin aidée de la marée descendante, sous l’eau au début pour me cacher à leur regards.
Arthur : Je crains pour notre yole proche du seul endroit où débarquer, qui signale notre présence où au moins notre passage, et nous permet de quitter l’île. Il faut aller cette nuit voir si notre embarcation est abîmée, avec le projet de traverser dès le départ de l’inquisition.
Bertrand : Abandonnons-nous l’idée du retour de la Mouette Bleue d’ici quelques jours avec du fourrage, des vivres et un retour en Bretagne.
Frédérick : J’irais voir notre yole à la tombée de la nuit, avec un équipement léger, juste mon gambison. Si la Dame veut bien m’accompagner.
La Dame : Je vous accompagnerai dès la tombée de la nuit et j’emporterai ma cape. Au retour, je porterais le reste de nos provisions.
Ils s’installent derrière la colline, attachent les chevaux de façon à les cacher, leur fournir une pâture, leur rendant accessible le lac.
Ils dînent, se reposent en attendant la tombée du jour. Entre chien et loup, Frédérick et la Dame se préparent. Le premier avec son gambison, son baudrier avec son épée, sa dague, son arc et son carquois et seulement six flèches, la Dame complétant son ordinaire de sa cape chaude et sombre.
Ils font un détour par l’ouest pour éviter les ruines, puis une sente les amène à la rivière, ils traversent à gué, à la clarté des étoiles.
Leur chemin les amène sans encombre à leur yole. La Dame repère une douzaine d’odeurs inconnues et le sol piétiné autour de l’embarcation.
Le foin est bien là, mais il n’y a pas trace des rames, du mat, des voiles et des cordes. Ils discutent à voix basse cherchant une solution.
Frédérick inspecte le bordage de ses mains et n’y trouve pas de brèche. Elle observe le plus proche des navires, le trouve garni de cordes.
la Dame : Je propose d’aller chercher une longue corde sur ce navire, marchant sous l’eau jusqu’à sa chaîne avant, y grimper et me servir. Au pied du mât je vois plusieurs rouleaux de cordes. Frédérick porte son regard sur le navire, distingue nettement ses fanaux mais pas plus.
Frédérick : Il fait nuit noire, je n’y vois pas grand chose. Je vais grimper d’une centaine de pieds avec mon arc, prêt à tirer au cas où.
Elle confie sa cape, franchit à quatre pattes la distance jusqu’à l’eau, prend une longue inspiration et disparaît. Il grimpe avec les mains
A croupetons à un endroit qui le camoufle, il observe le navire, voit sa chaîne avant enfler près de l’eau, et monter cette excroissance.
Forçant ses yeux à percer l’obscurité, il voit une ombre occulter un écubier puis l’excroissance redescend la chaîne et se mêler à l’océan.
Malgré sa bonne cachette, elle le rejoint avec un rouleau d’une corde solide d’une trentaine de brasses. Ils reprennent le chemin à l’envers
Le ciel s’est couvert, les astres cachés ne donnent presque plus de lumière, elle lui tient la main souvent pour le guider. Il tombe à l’eau lors du passage à gué de la rivière. Il est trempé et elle a sèché. A leur retour au camp au petit matin, il est emmitouflé dans sa cape.
Ils partagent un repas sommaire, accompagné de vin chaud. Frédérick se réchauffe et essore les vingt couches de lin épais de son gambison.