première histoire page 2

Son réveil fût brutal.

À quelques dizaines de pas de la ville de Berquet (qui deviendra plus tard Bénodet), se trouve un vénérable pommier, protégé des nymphes. Au matin de la nouvelle lune, il craque et, dans une effluve presque sucrée,  expulse une femme, sans que personne ne l’aperçoive. La nouvelle-née chancelle et tombe.  La naissance s’achève avec une grosse pomme pas encore mûre qui tombe pour participer à sa manière à l’enfantement, pour répandre la vie à son tour.

Les portes de la ville s’ouvrent avec cliquetis et grincements. Des soupirs et des hennissements leur répondent parmi la file déjà longue de piétons, cavaliers, chevaux, mulets et charrettes qui venaient du levant. Chacun paie les gardes, l’un renfrogné, l’autre patibulaire.

Quatre cavaliers rutilants, apparaissent loin vers le levant, talonnés par la poussière de leur chevauchée.
Elle se lève doucement, rajustant sa tunique légère de soie verte, et sa ceinture de cuir doré tressé, redressant ses fourreaux courts dorés. Et foulant l’herbe fraîche de ses sandales de cuir tressé doré, tenaillée par la faim, elle rejoint la route qui mène aux portes de la ville. Son esprit vide absorbe l’information comme une éponge. La répétition des échanges finit par faire sens et l’ensemble se hiérarchise dans sa conscience. Arrivée dans la file qui s’était réduite, elle comprend les transactions, fouille en vain son absence de poche, s’assoit sur le coté peu avant son tour.

Puis c’est le tour des quatre cavaliers, armés et armurés. Un garde explique «Une pièce de bronze par jambe et roue pour chaque visiteur».

Le cavalier au plastron et casque dorés, au cimier ouvragé reprenant l’héraldique de son bouclier s’adresse à la personne posée sur le bord : Permettez-moi d’oser vous inviter. Une dame de votre qualité mérite meilleure hostellerie que dormir dans l’ornière et déjeuner de rosée. Voici mes compagnons de route : mon précepteur et ami, Bertrand ou Beltran de Torres du Guesclin, fils de feu Bertrand du Guesclin. Philippe de Vierville et Frédérick de Malastreg, mes camarades et amis avec qui j’ai reçu la plupart des enseignements de Bertrand. Et moi même, Arthur de Richemont. Et vous qui êtes vous ?

Elle comprend la teneur de la proposition. Réprimant un gargouillis caverneux, elle sourit bouche fermée, opina puis preste se leva et suivit les cavaliers en haletant de façon sonore. L’écho de sa respiration enfla en traversant la profonde ouverture à travers la muraille. Les chevaux tressaillirent en pressant le pas.

Chapitrage

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