Le soir de l’embarquement
Puisqu’elle a démarré très intensément, cette journée est le vrai commencement de notre aventure. Nous avons négocié âprement avec le capitaine du navire de commerce qui devait nous emmener. Au matin, notre protégée disparue, puis les rumeurs de son affrontement avec un fou furieux, sa noyade présumée. Pendant l’embarquement, le fou furieux qui s’adresse à nous, nous menace de tortures et de mort. C’est avec ce contact désagréable que je continue à penser que j’ai bien fait de quitter l’Espagne il y a dix ans. Fréquenter, même de loin, l’Inquisition c’est dangereux pour le moral, ça l’est aussi pour la foi. Le geste de Frédérick, de tuer cet agent de l’Inquisition peut poser question mais j’ai fini par le comprendre. Malgré notre innocence, il nous promettait la torture et la mort, toutes deux sous des formes les plus douloureuses, pour avoir aider une femme en détresse. A sa façon de parler j’imagine qu’il prend plaisir à ces activités, peut être sous couvert de servir Dieu. Quand l’Inquisition vous a pris pour cible, pas d’innocence possible, elle vous épluche au sens propre comme au figuré jusqu’à trouver où faire avouer la moindre faute. Elle promet éventuellement la rédemption et le Paradis mais toute vie terrestre est terminée. Quand il s’est tu, mon esprit s’est apaisé aussitôt. Frédérick a lu nos assentiments explicites dans nos regards, et sans doute la terreur dans le mien. Je suis soulagé que son tir soit si précis, ce fou furieux a peu souffert. Nous avons terminé d’embarquer très vite. En pleine mer, notre protégée nous a rejoint en offrant l’épée du fou furieux dans un état déplorable. Il ne reste que le fort de la lame et il manque les pierres précieuses protégeant les reliques. La robe de ma pupille est dans un aussi mauvais état. Quelle substance peut altérer à ce point la matière ? L’épée est pourtant forgée dans un acier de légende et elle est à moitié détruire.
Est ce une arme utilisée par le fou furieux et qui s’est retournée contre lui et l’a juste un peu éclaboussée elle qui fait tout ces dégâts ? Le fou furieux n’avait pas bonne mine avant de mourir. Son visage était brûlé, sa peau en lambeaux. Et ma pupille intacte, aucune blessure. Seule sa robe permet de supposer qu’ils ont subi tous deux l’action de la même substance. Peut être le fait de tomber dans la mer l’a sauvé et seule la robe a été touchée.