Les héros se préparent.
Philippe prend soin des chevaux et des poneys, les nourrit et graisse leur fers.
Frédérick change la corde de son arc contre une bien sèche qu’il a dans une bourse. Il examine ses flèches, fait quelques menues réparations.
Bertrand examine la plaie d’Arthur tout près du feu, la nettoie et y place un nouveau cône d’alun.
La dame tourne le gruau d’avoine qui va leur servir de déjeuner.
Forgeron : Voici deux cartes, celle des tunnels qui vous amèneront aux sources de la Garonne, celle des chemins qui mène au prochain village pastoral dans la vallée au nord. J’ai pris la liberté de reforger votre épée à deux mains Arthur (Arturus) qui était amputée des trois quarts de sa lame. Je l’ai équilibré avec de l’étain présent dans ces montagnes et exploité depuis dix fois mon âge par les hommes. J’ai protégé ce qui me semblait être deux de vos reliques par deux demi-sphères de quartz transparent qui permettent de les voir agrandies. Ça me faisait du mal de voir une épée dans cet état déplorable alors que c’est si facile pour moi de la réparer.
Arthur : Merci, Forgeron, merci beaucoup.
Philippe examine l’épée à deux mains.
Philippe : Comment avez-vous pu si vite faire une si bonne lame et sans les bruits de marteau sur une enclume ?
Forgeron : Ma magie concerne tout ce qui est minéral, les roches, les minerais, les pierres précieuses et les métaux. J’ai mis moins de temps pour réparer cette épée que pour dessiner ces cartes sur des peaux de lièvres déjà tannées.
Arthur regarde l’épée à son tour.
Arthur : Vous avez obtenu une transparence parfaite pour le quartz, on dirait de l’eau très limpide. La dent du Saint Homme apparaît trois fois plus grosse, les cheveux aussi. En pleine lumière, ils impressionneront peut-être nos adversaires.
Philippe : Je pense que cette lame n’a jamais été aussi bonne.
Les héros déjeunent goulûment
Arthur : Je me sens reposé, cette grotte, bien que glacée m’a fait beaucoup de bien.
Frédérick : Je ne vous ai pas vu avec ces belles couleurs depuis les étuves des hospitaliers après Pampelune.
Bertrand : Cette salle est immense, comparable à une cathédrale, même si j’ai eu un peu froid, je n’ai pas aussi bien dormi depuis des années. Cette grotte, ce lac sont là, inchangés depuis des éons, transmettent une forme de sérénité, rien à part l’enfer sur Terre ne pourra l’altérer.
Philippe : Ma Dame, vous ne mangez pas ?
La Dame : Il était temps pour moi de manger une proie, j’ai trouvé un petit lièvre blanc. Mais je vais manger quelques cuillères de ce gruau aux épices qui a un parfum agréable.
La fin du déjeuner sonne l’heure du départ. Même si leur séparation ne doit durer qu’une journée, ils s’étreignent comme pour une longue séparation ou des adieux.
Philippe et Frédérick passent la brèche de Roland avec les sept équidés et tout ce qui est trop lourd ou encombrant pour un voyage d’une journée à pieds dans les tunnels tortueux sous la montagne.
Les trois autres les regardent du seuil de la grotte.
Ensuite ils se rapprochent du bord du puits qui sera le début de leur chemin à eux.
Arthur a revêtu sa cuirasse, son lourd heaume est accroché à sa ceinture, son sac à dos est allégé. Il emporte son épée longue, l’épée à deux mains toute neuve, sa dague et son bouclier normand.
Forgeron : J’ai sculpté la roche pour y faire cette prise solide pour y fixer votre corde qui est très résistante. Vous pouvez gagner du temps et descendre en même temps.
Bertrand : Vous avez créé une protubérance en forme d’anneau là où hier il n’y avait rien. Ce trou est lisse et permet à notre corde de glisser et de ne pas s’user quand on l’a récupérera. Vous êtes un mage. Mais ce n’est pas très prudent, nous pourrions descendre chacun notre tour.
Arthur : La raison me dicte de descendre un à la fois.
Forgeron a un éclat dans le regard quand il fait un geste tournant de la main.
Forgeron : Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.
Arthur : Par décence, ma Dame, je vous propose de passer en premier, et j’irai juste après vous.
La Dame : Si vous voulez, arrivée en bas, je stabiliserai la corde.
Bertrand : Je termine cette cordée.
Ils jettent quatre torches qui éclairent bien.
La Dame descend par la corde tout en se disant qu’elle pourrait sauter de là sans grand risque mais par discrétion et humilité et pour être au plus près de ses amis en cas de chute de l’un d’entre eux.
Arthur la suit, puis Bertrand.
Avec le feu toute la nuit, les parois de glace sont couvertes de perles de condensation et aux aspérités, des filets d’eau se forment et tombent par gouttes en bas.
Arthur : Aucun point d’appui n’est possible sur cette paroi, heureusement que notre corde est solide. Les nœuds de Frédérick sur la moitié de la longueur sont très pratiques.
Chacun serre les deux côtés de la corde dans ses mains et entre ses pieds pour descendre.
Quand la Dame est descendue de quatre toises, et que Bertrand est à une demie toise du bord, Forgeron pousse un ricanement désagréable et parle en latin.
Forgeron : Cette montagne sera votre tombeau, mais avant vous nourrirez mon maître et ses hommes comme tant d’autres voyageurs et bergers avant vous. Votre épée sainte sera un somptueux cadeau pour apaiser Roland le preux.
Un fracas cristallin précède d’un instant la chute de la corde et de ceux qui la tiennent fermement en vain.
La Dame bondit vers le haut, près du bord, en s’allongeant de bas en haut puis raccourcissant de haut en bas, son dos glisse sur la paroi humide avant d’y prendre appui pour revenir au milieu, et passer la tête dans la boucle lâche de la corde attachée l’instant d’avant. Elle a vu et senti avec effroi la pointe de l’épieu de Bertrand lui frôler le menton, mais ce n’est ni le lieu ni le moment de se blesser et de saigner. Elle agrandit bras et jambes pour freiner sur les parois suintantes de liquide glacé.
Bertrand tient bon la corde.
Arthur moins rapide en latin, et affaibli par sa blessure, est surpris par le relâchement et la brusque tension de la corde, Il crie et lâche prise.
La Dame écrase pieds et mains sur les murs trempés, perd une sandale. La corde lui sert le cou qui palpite. Elle secoue violemment la tête de droite et gauche, dégage son arrière gorge et la base de sa langue, lâche la pression de ses membres pour suivre Arthur en chute libre, évite Bertrand ainsi que la pointe de l’épieu, projette sa langue au sommet du crâne d’Arthur qui émet un cri étouffé après l’impact. Elle presse à nouveau bras et jambes contre la glace verticale.
Après une formule de Forgeron, les parois se transforment en torrent, ils glissent.
Bertrand le maudit en latin.
La Dame libère ses mains une à une pour attraper ses dagues et les planter loin dans la glace fondante puis allonge au maximum ses jambes vers bas, pour amortir le choc imminent au contact du fond.
La sandale heurte le sol mouillé dans un claquement qui résonne dans le puits. Puis c’est au tour de la masse d’eau en chute libre. Les torches s’éteignent en chuintant.
Les ténèbres sont presque totales, juste un peu de lumière provenant du feu qui donne de maigres reflets au plafond au dessus du puits.
La Dame rétracte sa langue et remonte Arthur juste avant l’impact. Bertrand perçoit Arthur inerte près de lui, libère sa main gauche, attrape son ami, le serre contre son corps et cale bien ses pieds sur un nœud.
Elle atterrit dans un demi pied d’eau, puis rétrécit ses jambes et pose ses deux amis.
Bertrand sort son briquet et perce les ténèbres avec quelques étincelles, juste assez de lumière pour permettre aux yeux de Anne d’apercevoir sur le sol du tunnel quelques squelettes éparpillés.
Elle décroche la lanterne sur le sac à dos de Bertrand et lui tend.
Le puits dégouline de plus belle. Le sol est couvert d’eau sur un pied de haut.
Bertrand attrape Arthur qui est sans connaissance et s’éloigne du puits transformé en cascade et l’adosse contre la paroi sèche du tunnel.
La sandale part en flottant, la Dame la rattrape, ôte la deuxième et les pose sur le sac à dos d’Arthur. Elle entend des cliquetis au loin.
Bertrand : « Allumons vite cette lanterne, la dernière phrase de Forgeron ne me rassure pas du tout »
La Dame : « Les bruits que j’entends au loin ne me rassurent pas non plus. Je vais essayer de réveiller Arthur »
Bertrand insiste sur son briquet avec moins de succès qu’au début.
Bertrand : « Ce lieu est très humide avec les trombes d’eau déversées sur nous. J’espère que l’autre chemin n’est pas piégé et que Philippe et Frédérick seront saufs. Si il nous faut combattre contre d’anciens héros morts depuis six siècles, je suis heureux de vous avoir avec nous. J’espère que l’eau bénite de Compostelle aura du pouvoir sur ces morts toujours vivants. »
Bertrand s’escrime sur son briquet produisant quelques étincelles, parfois une petite fumerolle.
La Dame masse Arthur sans résultat, le choc de sa langue à pleine vitesse pour le rattraper lui a fait une bosse qui grandit à vue d’œil. Elle a déjà la taille d’une demi grenade au sommet de sa tête rasée.
La Dame : « Arthur était plus facile à rattraper avec le sommet du crâne rasé pour son déguisement de novice »
Bertrand : Grâce à une étincelle, je viens de voir la tête d’Arthur. Cet hématome n’est pas beau à voir, appliquez y vite de la glace à travers un linge, sinon il sera plus long à réveiller et la peau va tirer de partout, peut être se déchirer.
La Dame : Je suis heureuse de l’avoir rattrapé mais il a perdu conscience.
Elle sort une chemise de lin du sac d’Arthur, la plie en deux, va ramasser de la glace libérée par ses dagues qui flotte près du puits et replie la chemise la pose sur la tête d’Arthur et la nouer avec les manches sous son menton.
Bertrand : Avec quoi l’avez-vous frappé pour lui faire perdre connaissance de cette façon, ça s’est passé si vite ? Sur des champs de bataille ça me serait utile pour prendre soin d’un blessé qui souffre et qui résisterait à des soins trop douloureux.
La Dame : J’avais les bras et les jambes occupés à prévenir notre chute à tous les trois, quand il a lâché j’ai fait avec ce qu’il me restait.
Bertrand : Voyons voir, votre langue j’imagine mais je l’ai juste vue accrochée à cette arbalète du diable, elle paraissait presque normale, blessée et enflée mais normale.
La Dame : Oui, je ne l’ai jamais sortie si vite.
Arthur frissonne et gémit sans se réveiller.
Bertrand : J’aimerais que nous soyons au sec, ou que au moins nous puissions mettre Arthur au sec, il n’est pas en état de se défendre contre le froid, encore moins quand il est inconscient. Cette eau issue de la glace qui vient de fondre magiquement est vraiment très froide.
Bertrand se frappe les doigts avec le fer de son briquet, sans faire d’étincelle et jure en latin. Malgré les bruits fait par Bertrand, la Dame entend des cliquetis plus proches dans le tunnel. Elle scrute les ténèbres sans succès.
Tout à coup la lumière se fait.
Bertrand : Enfin !!!
La Dame : Quelle belle lumière, bien blanche, votre lanterne éclaire mieux que d’habitude ou nous nous sommes habitués aux ténèbres et la moindre lumière est comparable au soleil.
Bertrand : Non ce n’est pas mon briquet, mais grâce à cette clarté j’ai réussi à enflammer mon amadou. J’allume ma lanterne et nous allons réfléchir à ce miracle.
La Dame : C’est le dos d’Arthur qui éclaire.
Bertrand va voir et empoigne l’épée à deux mains d’Arthur. Les deux demi sphères de quartz émettent une lumière puissante, éblouissante après les ténèbres.
Bertrand : Cette épée réserve bien des surprises, sont-ce les reliques, ces morceaux de Saints qui nous éclairent quand nous en avons le plus besoin ?
Bertrand lève l’épée et se place au milieu du tunnel, la pointe en bas. Des centaines de fragments de squelettes jonchent le sol de ce long couloir lisse creusé proprement dans la roche. Il ramasse un os.
Bertrand : » Ceci est un humérus humain. Il a été rongé par des dents. Certaines dépouilles sont si vieilles qu’elles flottent. Je perçois du mouvement au loin et un reflet très brillant. Mes yeux sont usés par les livres et la calligraphie. Ils me font défaut ici pour voir loin.
La Dame : »Il y a trois colonnes de squelettes qui avancent vers nous. Il sont équipés de matériels, d’armes et d’armures tout rouillés, sauf le premier dont l’armure brille comme si elle était flambant neuve.
Bertrand : « Ce doit être Roland qui bénéficie toujours des pouvoirs de Forgeron. Trois rangées d’adversaires ça fait beaucoup quand même. Arthur pousse un soupir puis une grande inspiration.
Arthur : « Où sommes-nous ?
Bertrand : Nous avons passé la nuit dans une grotte près de la brèche de Roland, avec l’hospitalité de Forgeron, un nain des légendes germaniques qui nous a trahi dans l’objectif de nourrir son maître avec nos corps. ce maître est à priori Roland de Roncevaux non mort.
Arthur : Oui, je me souviens. Je ne voulais pas descendre en même temps que vous avec la corde, mais Forgeron, je ne sais comment, m’y a forcé.
Bertrand : Il en est de même pour moi. Il manipule les esprits aussi bien que la roche et les métaux.
La Dame : J’ai eu confiance dans votre sens commun et dans la corde et je préférai être à votre hauteur pour rattraper l’un de vous. Je suis désolée, Arthur, pour cette grosse bosse au sommet de votre crâne, je vous ai heurté en vous rattrapant.
Bertrand : Nous sommes sains et saufs, c’est tout ce qui compte, mais des créatures se rapprochent. Nous ferons de conséquentes louanges sur vos réflexes plus tard. Comment vaincre ces morts qui marchent vers nous ? Votre épée à deux mains toute neuve, Arthur ? L’eau bénite de Compostelle ? Vos pouvoirs, ma Dame ?
Arthur : Cette épée luit, je n’ai pas vu de lumière si forte, à part le soleil. Dans ce long couloir, l’arc et le talent de Frédérick auraient été utiles. Nous n’aurions pas dû nous séparer.
Bertrand : Nous aurions tous pris le chemin par l’extérieur, en descendant le flanc de la montagne, mais Forgeron nous a trompé là aussi.
La Dame : Je peux en bloquer quelques uns, en détruire peut être. (Se remémorant les phrases du squelette bizarre dans la sacristie à Pampelune) J’ai l’intuition que nous pouvons les vaincre à nous trois.
La Dame : Les trois premiers sont assez proches pour les décrire. Celui du milieu porte une armure étincelante, les deux autres sont couverts de rouille et de saletés. Celui de droite porte une robe en lambeaux par dessus son armure, la rouille a fait des trous dans son casque. Il remue une masse d’arme étrange et non rouillée.
Arthur : Roland, si c’est lui, bénéficie toujours des pouvoirs de Forgeron pour entretenir son équipement, les autres seront moins redoutables, plus fragiles avec des armures rouillées et moins dangereux avec leur armes en ruine contre nous et nos armures de bon acier.
La Dame : Celui de gauche à des trous de rouille dans son armure, son épée est fortement rouillée et tordue.
Arthur : Ne laissons pas la peur de ces morts fléchir nos cous et ramollir nos bras. Ce couloir est étroit, nous sommes trois, nous les vaincrons. Vive la rouille sur nos ennemis.
Bertrand : Mes yeux sont trop usés pour voir de loin dans la pénombre. Celui de droite pourrait être l’archevêque Turpin connu pour manier le goupillon comme pas un.
« Cerebrum ! Cerebrum ! Cerebrum ! » Claquement de mâchoires répétés.
La Dame : C’est celui de droite qui a parlé.
Arthur : Il n’a plus de lèvre, plus de joue, certainement plus de langue, comment arrive t’il à parler ?
Bertrand : Turpin en veut à nos cerveaux, pour les manger, peut être. Il est bien loin de sauver des âmes maintenant.
Bertrand : Avez-vous la foi, foi en Saint Jacques de Compostelle et son eau bénite, même si ce n’est pas le personnage qu’on croit. L’eau bénite agit elle diluée ? il y a plus d’un pied d’eau ici, le volume est énorme, même pour une pinte d’eau consacrée. Je bénirai moi même l’ensemble pour faire bonne mesure, avec l’aide des saintes reliques qui nous accompagnent.
Arthur : De notre coté, trois de front c’est de trop avec cette épée à deux mains dans ce tunnel.
La Dame : Je vais tenter de sauter par dessus et les prendre à revers.
Bertrand transmet l’épée à Arthur.
Bertrand : Je vais jeter l’eau de Compostelle vers eux, bénir l’ensemble et ensuite ferai front avec mon épieu sur votre flanc gauche pour les tenir à distance de vous Arthur. Ça vous laissera de la place pour cette grande Épée
Arthur : Est ce le souffle de la bataille ou les pouvoirs de cette épée, je ne suis plus gêné par mon bras d’arme.
La Dame : A la fin de cette bataille, je vous raconterai une vision que j’ai eu lors de vos soins dans la sacristie d’Étienne de Navarre. J’ai foi en notre victoire.
Bertrand : Cette lumière qu’on pourrait décrire comme divine ravive ma foi en notre réussite. Je me sens capable, comme Élysée de faire des miracles avec de l’eau. Nous dirons que cette eau provient d’une rivière, j’ai avec moi une pincée de sel béni par mon archevêque et vous ma Dame portez la couleur de l’espérance. Cette rivière souterraine dans ce tunnel sera bénite. Si ces créatures sont mauvaises elles seront purifiées. Mais si il me vient d’autres pouvoirs d’Élysée, évitez de vous moquer de ma calvitie, il y a des ours dans les Pyrénées.
Arthur remplit son grand heaume de glace, le pose sur sa tête, arrive à l’ajuster avec quelques grognements au dernier trou de la lanière du menton.
Arthur : Bertrand, prenez mon bouclier normand, et placez vous à ma droite, le bouclier vous protégera à gauche et le mur à droite.
Bertrand : Très bonne tactique Arthur. Nous sommes dimanche, jour du seigneur, j’espère que cela rendra nôtre eau bénite plus forte.
Arthur : Ma Dame, vous allez sauter par dessus eux, prenez donc l’eau de saint Jacques. Vous les prendrez à revers avec.
Bertrand bénit l’eau devant lui d’une longue prière et voit le sel partir vers l’avant en se dissolvant dans l’eau. Il confie l’eau de Compostelle à la Dame.
Bertrand : Très bonne idée Arthur. Ma Dame, Vous les prendrez à revers avec ce liquide consacré.
Elle attrape la bouteille de terre cuite qui suinte un peu. Son contact lui est désagréable mais moins que l’épée d’Arthur. Les deux hommes font front, elle se place en avant. Elle court, saute par dessus les squelettes animés de mauvaises intentions. Elle franchit la moitié d’entre eux avant qu’ils l’interceptent de leurs bras et armes levés. Elle se rétablit au milieu d’eux, ouvre le précieux flacon et arrose autour d’elle.
Elle mouille huit squelettes et reçoit quelques gouttes sur le bras et la jambe gauche. Chaque contact la brûle comme une flamme invisible avec un peu de fumée blanche. Les ennemis sont aussi touchés aux bras et jambes. Chaque membre touché perd son intégrité, se désassemble et se sépare du corps. Les armures rouillées ont protégé les corps mais les huit squelettes ont perdu un ou plusieurs membres les rendant moins dangereux et ou moins mobile. Sur les huit guerriers morts, deux ont perdu leur bras d’arme ou l’avant bras, deux épées toutes rouillées tombent à l’eau. Oubliant le feu des brûlures, elle sort ses dagues. Six l’attaquent avec leur épées rouillées. Elle pare deux attaques, une épée très abîmée se brise. Trois coups portent, son sang coule, les armes fument.
Arthur et Bertrand se tiennent prêts, les assaillants avancent, arrivés à dix pas, les premiers secouent leur jambes et le phénomène se diffuse rang par rang. L’eau se trouble et de la vapeur s’échappe. Roland et Turpin semblent échapper au phénomène ainsi que l’autre au premier rang.
Bertrand : j’ai l’impression que cette rivière bénie fait son effet.
Arthur : Oui je vois que l’eau se trouble au contact des os animés, même ceux de Roland et de Turpin mais ils ne semblent n’en avoir cure. Les autres sont ralentis. Notre Dame a brisé les rangs au milieu du groupe. Les premiers seront sur nous dans un instant, tenons les à distance.
L’archevêque Turpin reprend sa litanie. A son bras gauche, il ne reste que les reliefs d’un bouclier de bois, le umbo central et quelques lattes de bois vermoulues qui dégagent une odeur de champignons. Il agite sa masse d’arme argentée à trois pas de Bertrand qui se baisse pour préparer une attaque en avant.
Bertrand : Malgré l’absence de chair nécessaires à la parole, il arrive à faire entendre son désir pour nos cerveaux quand les autres n’émettent que des claquements de mâchoires.Les orbites des adversaires du premier rang luisent d’une lueur très intense, chacun avec des couleurs différentes. Celui du milieu brille plus fort qu’une paire de grosses bougies. Les rangs d’après ont des orbites plus ternes.
Arthur : Nous avons déjà connu des morts qui marchent, ils n’étaient que quatre mais plus grand et plus fort que ceux ci.
Le rang se rapproche encore, Arthur frappe de taille au dessus des épaules de Roland dans le but d’ôter la tête de son adversaire qui pare durement et riposte. Arthur recule vivement d’un pas pour réduire l’impact sur sa cuirasse. La voici emboutie d’un pouce de profondeur. Bertrand se fend avec son épieu et traverse l’armure de Turpin de part en part. Il n’arrive pas à libérer son arme. Il s’arcboute et envoie l’archevêque moisi contre le mur.
Bertrand : Ils sont très légers, juste la masse des os tout sec et leur équipement, moins du quart d’un homme ordinaire.
Turpin qui a lâché son goupillon et la poignée de l’épave de bouclier attrape l’épieu à deux mains et s’expulse vers l’arrière.
Arthur et Bertrand reprennent leur position. Roland d’un coup de pied envoie la masse d’arme argentée vers Turpin et darde son regard mauvais sur ses deux adversaires.
La Dame frappe du pied le genou d’un squelette qui vient de perdre l’autre jambe. Avec l’élan, il entraîne avec lui deux autres morts vivants à terre. Elle pare deux autres épées en ruine. Les trois avec leur épées fumantes la blessent à nouveau. Quand ils retirent leur armes, des morceaux de lames rouillées tombent dans l’eau. Des morceaux de rouille coulent de ses plaies, entraînées par le sang. La robe verte symbole d’espoir se délite le long des traces de sang.
Roland se rapproche à nouveau, frappe de haut en bas, Arthur pare fermement et l’épée du héros déchu s’ébrèche.
Arthur recule pour reprendre son souffle.
Arthur : Roland, votre règne macabre sur cette montagne s’achève, voyez cette épée sanctifiée par deux reliques. Elle est faite pour vous vaincre et même votre petit serviteur l’a améliorée. Nous ne sommes pas les bergers et jacquets, brisés par la chute, que vous avez l’habitude de dévorer.
Roland claque des mâchoires une douzaine de fois très très vite comme si il souhaitait contredire Arthur.
Arthur frappe de nouveau, feinte en haut, puis dans un mouvement tournant du corps frappe à mi chemin entre le pied et le genou au ras de l’eau. Il coupe en deux le renfort métallique de ce qu’il reste de la jambière et frappe l’os. La fêlure se révèle avec le même éclat lumineux que les yeux du mort. Elle s’agrandit d’un côté quand Roland change d’appui pour reculer.
Bertrand : Bravo Arthur, vous lui avez brisé le péroné, sur un homme vivant vous mettez à mal l’équilibre de la cheville et rendez difficile les rotations de ce côté là.
Roland a une bouffée flamboyante qui lui sort des yeux.
La Dame fait dos à ses amis pour observer tous ceux qui la menace. Les trois mis à terre se relèvent gauchement. Dans son dos, de plus en plus près les squelettes ont des soubresauts, des tremblements dans les jambes, ceux qui étaient à quatre pattes tremblent aussi des bras. Elle même sent poindre une sensation dans ses pieds et chevilles qui devient brûlure, d’abord légère. Elle saute en l’air, prend appui sur le squelette face à elle, ses mains sur ses épaulières, les jambes pliées. Son adversaire en profite pour la frapper deux fois entaillant la cuisse et le mollet gauche. L’épée bien abîmée, est détruite au deuxième coup. Le sang a giclé sur l’armure rouillé et la dévore sur la surface d’une main.
La Dame : L’effet de la rivière bénie affecte mes adversaires comme les vôtres.
Dans la pénombre, elle voit une ligne de démarcation sur ses jambes, la partie basse a pris la couleur du rose vif. La sensation est une cuisante douleur. Elle se débat pour ne pas tomber dans l’eau. A deux reprises ses orteils touchent l’eau, à cause des mouvements de son porteur non volontaire et des vaguelettes qui se forment. La douleur redouble d’intensité, mais heureusement sur une petite surface. Son instinct lui dit de s’éloigner de cette eau. Elle regarde le plafond lisse et sans prise comme les murs. Elle saute à nouveau, déchire les côtés de sa robe, met ses jambes à l’équerre pour prendre appui sur les murs du tunnel. La partie brûlée de ses jambes refuse de s’allonger et manque de force. Elle glisse, dans cette position le prochain bain limiterait ses pouvoirs au moins jusqu’au nombril. Les poils fins de ses avant bras et de la partie non brûlée de ses jambes se dressent. Un lambeau de soie reste accroché à ses poils et ne se détache pas quand elle secoue son bras. Elle plie les coudes, allonge les bras jusqu’à mettre en contact l’extérieur de ses avant bras sur les murs assez haut de chaque coté du tunnel, cesse de glisser. Son ex porteur et deux squelettes l’attaquent, le premier d’une demi lame émoussée, lui fait juste une ecchymose les deux autres la blessent au ventre et à la cuisse droite. L’un reçoit un jet de sang qui ronge son crane et le haut de son corps, l’autre est éclaboussé sur le bras d’arme, de la main jusqu’au cou. Par une rotation des épaules, elle arrive à positionner ses avant-bras tout en haut des murs jusqu’à l’intersection avec le plafond. elle se hisse ensuite pour coller tout le reste de son corps au plafond. Ses armes sont immobilisées en même temps que ses bras. Il lui reste ses jambes et sa langue. Les squelettes doivent sauter pour l’atteindre du bout de l’épée, chaque mort qui saute s’éclabousse et asperge ses camarades. Ils deviennent moins mobiles grâce à la rivière bénite au point de ne plus pouvoir sauter. Les armes blessent une fois avant d’être détruites par la corrosion rapide provoquée par le sang acide. Ils se rassemblent en dessous d’elle. Le sang de la Dame, même dilué dans l’eau complète l’action de la rivière bénie après avoir aspergé les attaquant. C’est ainsi plus de la moitié du groupe d’assaillants qui voit sa force offensive se réduire graduellement, leur armes ruinées, agités de tremblement et rongés à l’acide. Plusieurs gisent déjà dans l’eau.
Arthur pare les attaques de Roland et de celui à sa gauche, l’épée à deux mains est d’un acier si solide qu’elle a ébrèche à trois reprises l’épée ordinaire de Roland et deux fois celle de l’autre. Bertrand, quant à lui, a réussi à fracasser deux nouvelles fois l’archevêque contre le mur malgré les précautions de ce dernier et pare les coups avec le bouclier qui porte les stigmates laissée par la masse d’arme de Turpin. Ce dernier crie toujours son avidité pour la cervelle mais son armure n’a pas bien encaissé les impacts contre la roche, commence à se disloquer, les vieilles lanières de cuir sont déchirées. Seules les grèves, qui protègent le bas des jambes tiennent encore correctement.
Bertrand : Arthur, j’essaie d’en terminer avec celui-ci avant de t’aider pour ces deux là. Pour l’instant c’est un duel, d’homme d’église à homme d’église.
Arthur : Je reste en défense à parer leur attaques, cette épée est superbe mais mon bras droit commence à faiblir. Par contre leurs épées risquent de céder, ce qui m’arrangerai bien.
Bertrand : Si j’arrive à l’embrocher au poitrail et à le plaquer au mur, puis le maintenir le sol hors de portée de ses pieds du bras gauche, je pourrai le mettre en pièce avec mon épée.
Avec tout ce sang perdu, qui détruit l’ennemi, elle a très soif et très faim. La brûlure de la rivière bénite réduit ses forces et l’intensité de ses pouvoirs. Elle arrive à se plaquer au plafond, mais n’a pas l’énergie pour faire autre chose. En allongeant les cuisses au maximum, elle a réussi à coller au plafond les petits poils de ses mollets non lésés par l’eau bénie de Bertrand. En tournant ses jambes, Elle arrive à coller ses mollets aux angles des parois verticales et horizontales. Le peu de peau encore active est suffisant pour la maintenir dos au plafond sans l’effort intense de tout à l’heure.
Elle résiste à la tentation de tromper sa soif en trempant sa langue dans l’eau. Le fait d’avoir agrandi son emprise sur le tunnel augmente le nombre d’assaillants qui peuvent l’attaquer en même temps. Sa chair ne cicatrise plus assez vite, son sang gicle moins fort, pour l’affaiblir moins vite, mais détruit moins ses ennemis. Trois tas d’os permettent à sept squelettes de l’attaquer en même temps, une vingtaine sont détruits. Les rangs s’amenuisent du côté de Arthur et Bertrand, qui bloquent toujours trois féroces adversaires, pour regarnir ceux qui l’attaquent elle.
Au milieu de cette bataille, des coups qui ferraillent sur les cuirasses, des pièces d’armures qui s’entrechoquent, elle entends des battements d’ailes légers, comme ceux de petites chauve-souris. Un petit animal à avaler tout rond, tout chaud, ça lui redonnerait un peu de force. Elle salive avec les dernières gouttes d’eau qui lui restent et prépare sa langue et regarde vers ses pieds, dans la direction des bruits d’ailes.
Arthur fatigue, ses bras ralentissent, il ne parvient plus à parer tous les coups, son armure encaisse, heureusement que les épées de ses adversaires sont usées, mais il sera couvert de bleus et de bosses.
Bertrand prend conscience de la respiration laborieuse de Arthur, il doit faire vite avant que son ami ne succombe sous les coups de deux adversaires.
Avec son épieu tenu d’une seule main, il vise le dos de la main droite de l’archevêque en ruine, passe à travers les os et tourne la hampe de son arme. Son ennemi lâche son arme.
Bertrand en profite pour d’envoyer Turpin pour la cinquième fois embrasser le mur. Çà et la sur ses os longs de multiples fêlures luisent du même éclat que ses yeux mauvais.
Sa main droite n’est que ruine, la masse à ailettes est tombé à terre. La gauche, à l’aide du umbo de son bouclier, protège sa tête.
L’ancien diacre, maintient l’ancien archevêque au mur des deux mains, puis en cale l’extrémité basse avec son pied gauche avant de libérer sa main droite.
Bertrand : Turpin, tu es à ma merci, à défaut de cerveaux, tu vas goûter à l’acier de Tolède.
Il dégaine son épée, frappe au cou pour le cheffer, le squelette pare avec sa relique de bouclier.
Arthur est en nage, le linge autour de sa tête émet de petits nuages de condensation dans l’air glacé.
Arthur : Enfin ! Dépêchez vous de l’achever, je n’en puis plus, ce sont les deux plus formidables adversaires que j’ai jamais combattu. Sans la qualité extraordinaire de cette lame et la vigueur accordée sans doute par les reliques, je serai déjà vaincu.
Bertrand : Va en paix Turpin.
Il frappe l’archevêque à l’épaule droite, lui sectionne le bras entier, puis frappe le coude gauche, ôtant toute possibilité de parer en même temps que l’avant bras et fini par la tête qui vole à quelques pas.
Ensuite il libère son épieu. Toute lueur à disparu dans le squelette qui tombe à terre.
Une fois Turpin éliminé, Bertrand récupère son épieu, rengaine son épée va prêter main forte à Arthur. Il tente d’embrocher Roland sur le flanc gauche. Ce dernier tente de parer le coup mais celui ci est si puissant et Bertrand si lourd que c’est Roland qui tourne. La pointe déchire les mailles et se coince dans les os du bassin.
Le preux moisi frappe la hampe de l’épieu, fragilise le bois mais le fil de son épée est trop fatigué pour faire plus.
Bertrand se penche en arrière et pivote vers le mur pendant que Roland fait pleuvoir plusieurs coups qui n’atteignent que le bouclier en amande.
Roland interpose ses jambes avant de se fracasser contre le mur.
Il profite de cet appui pour se dégager de la lame et sauter derrière l’autre adversaire d’Arthur.
Ce dernier profite de la stupéfaction d’Olivier pour tenter de le cheffer. Olivier esquive a demi, le coup porte quand même et une épaulière s’envole. Les lanières pourries sont les défauts de leurs armures.
Bertrand se rapproche d’Arthur pour occuper avec lui tout le couloir. Roland s’intercale entre Olivier et le mur. Il jette un regard flamboyant vers Bertrand, et la zone touchée par l’épieu extrude elle aussi une bouffée de flamme fantomatique.
A compléter
Pendant ce temps ci la Dame maintient sa position au plafond.
Elle sent la faiblesse gagner son corps à mesure que son sang goutte sur ses adversaires.
Plus ces derniers s’agitent dans l’eau bénite, plus ils ralentissent, les éclaboussures apportent les effets de l’eau bénie par Bertrand toujours plus haut, parfois jusqu’au aux épaules tant les soldats squelettes veulent participer à la mise à mort de la Dame. Tous ceux qui peuvent ont la tête levée vers elle.
Elle est trop faible pour porter des coups, presque exsangue.
Son sang se répand sur les têtes levées, tombe parfois dans les orbites et dans le trou du nez, attaquant l’os, peut être le siège de l’âme à l’intérieur de la tête.
Elle suit l’efficacité de cette arme qui les arrose.
Ils sont agités de soubresauts quand le sang coule dans leur crâne et parfois jusque dans l’espace laissé libre par l’absence de moelle épinière.
A compléter
La sac à dos de Arthur s’est affaissé à cause du flux d’eau de la rivière artificielle. La lanterne posée dessus s’est renversée puis éteinte. Tant que l’épée d’Arthur brille personne n’y prend garde. Mais dès le dernier mort vivant détruit, l’intense lumière produite par les reliques derrière les demi sphères de quartz polies s’arrête brutalement laissant le couloir dans d’épaisses ténèbres.
La Dame, toujours au plafond, frotte vivement une de ses dagues contre la pierre polie.
Juste assez pour s’éclairer, avec les étincelles, quelques instants dans l’espace proche autour d’elle. A peine assez pour Arthur et Bertrand pour deviner sa position.
A part ces minuscules éclats comparables aux étoiles de ciel en pleine nuit ce sont les ténèbres pour Arthur et Bertrand. Ce dernier s’invective en grec ancien. Il explore ses bourses et sa besace en tâtonnant à la recherche de son briquet d’une bougie et de quelque chose de sec et inflammable. Il remonte son lourd haubert de mailles rivetées, essuie plusieurs fois ses doigts sur son tabart, explore son nombril. Il s’exclame.
Bertrand : Eurêka.
Arthur, dont l’arrêt du combat, vient remettre sur le devant de la scène de sa conscience le froid qui le traverse à cause de ses vêtements trempés, la fatigue, et la douleur à la tête sent l’épuisement gagner la bataille contre lui, redoublant d’intensité après le regain d’énergie étrangère qui l’a animé pendant que les reliques diffusaient toute la puissance de leur lumière.
Il vacille, manque de s’écrouler en avant de s’asseoir sur la dépouille de Roland au niveau du torse.
Arthur : Mes jambes ne me portent plus. La vigueur qui a empli mon corps et mon cœur a disparu en même temps que la lumière qui sortait de cette épée. Il va me falloir du temps pour reprendre des forces. Ces ténèbres ne me rassurent pas même si j’imagine que de nouveaux ennemis rallumeraient la flamme des reliques et la force dans mon corps.
Bertrand s’active avec son briquet. Quelques étincelles dessinent sa silhouette épaisse dans l’obscurité.
Bertrand : Et voilà ! Une chaude lumière prend naissance à la pointe d’un cierge épais et court.
Bertrand : Grâce à une petite boule de fibre qui s’est formée dans mon nombril et qui était restée bien au sec j’ai réussi à allumer ce gros cierge que mon briquet seul ne pouvait enflammer. Un de achats à Compostelle dont je suis le plus fier aujourd’hui. Par contre le livre d’heures en aumônière que j’avais acheté là-bas a subit de terribles dommages de la part de Turpin, un comble pour un archevêque de détruire un livre de prières. C’est un gros morceau de ma part du butin des pirates. J’espère que je pourrais le réparer ou le faire remettre en état. Je crois que cet ouvrage m’a sauvé les os du bassin et ou de la hanche contre le formidable coup de goupillon que m’a asséné ce drôle.
Arthur : Tu es vivant et entier c’est tout ce qui compte. Nous avons vaincu ici. J’espère que Philippe et Frederick ont eu un trajet moins périlleux. Il nous reste des heures de marche dans ces tunnels pour les rejoindre si le plan de Forgeron n’est pas une infamie de plus contre nous.
Bertrand : Je vais garder cette masse à ailettes argentée. Si elle m’avait brisé un os il m’aurait des mois immobilisé dans un fauteuil taillé sur mesure pour pouvoir monter à cheval et peut être claudiquer au lieu de marcher avec un un peu de chance.
Cette voix immense qui nous a menacé en latin m’inquiète beaucoup. Rassemblons nos affaires et rejoignons notre Dame. J’ai l’impression que c’est elle qui nous porte chance.
Arthur : Ma Dame, comment vous sentez-vous ?
La Dame : Vous avez vaincu de votre côté. Quand je me suis sentie débordée, et que la rivière me brûlait la peau, j’ai quitté le sol pour le plafond où ces morts ne pouvaient me frapper qu’avec mollesse. Ils se sont agglutinés sous ma personne, se sont éclaboussés les uns les autres avec la rivière bénie et puis avec mon sang.
Bertrand : Vous avez fait diversion…
La Dame : Affaiblie, j’ai mangé un petit animal volant qui passait près de moi. Une sorte de chauve-souris sans poil avec une longue queue. Un peu un goût d’oiseau mais sans plume. Puis j’ai entendu cette grosse voix nous menacer en latin, enfin peut être me menacer.