première histoire page 5

Arrivé bien au large, le capitaine va à sa cabine située sous la dunette arrière, se munit d’un maillet, dégage son épais matelas de plumes, chasse trois chevilles qui dépassent sur le tableau arrière s’en suit un plouf. Il range son maillet et se frotte les mains de satisfaction. Il ressort et demande à son charpentier de jeter des espars brisés et lui commande une plaque avec un nom fantaisiste, la Mouette Bleue. C’est ainsi que finit l’irondelle.

Assis à l’avant en tailleur sur un tapis de soie, un homme maigre, le cheveu grisonnant, est affairé à broder minutieusement un grand drap. Il la regarde et lui fait signe de la main. Elle approche. « Gente dame, votre riche toilette est fichue, mais il se trouve que j’ai à vendre une pleine bobine de la plus belle soie de votre couleur, ma dernière et je peux vous faire un bon prix. Mais vous dégoulinez, essuyez-vous, dit-il en sortant de sa poche un tissu gris délavé de la taille d’une mandarine, qui se gonfle aussitôt.

Elle pose son paquet d’algue, se drape de gris en entier, s’essuie.

J’ai donc en trois pied de large, pour trente toises de votre couleur. De quoi refaire, avec un peu d’astuce, votre robe cinquante fois. Elle déballe son paquet iodé et lui tend le contenu.

Seigneur, c’est le trésor d’un prince. On me paie souvent en pierreries, mais là c’est beaucoup trop. Me permettez vous de démonter ce que je pense être juste ?

Elle hoche la tête. A l’aide d’une forte aiguille, il libère deux émeraudes superbes, chacune de la taille d’une demie noix, les cache dans un pli du drap qu’il brode puis, un tout petit diamant et trois topazes. Je marie ma fille au printemps et je prépare son trousseau. Ces topazes lui feront une belle parure, ce diamant ira bien à son doigt. Gardez pour vous ces belles émeraudes qui vont avec vos yeux.

Voyez-vous çà ! Derrière ces pierres, cachés, une dent d’un coté et des cheveux fanés. Ce trésor l’est plus encore. Il sort une chute de tissu, et protège les reliques de plusieurs tours.

Contre ces quatre pierres, je vous propose ma soie, un nécessaire de couture de voyage et je vous apprends à coudre. Elle opine, il empoche. Elle remercie, remballe son paquet marin et se lève.

« Gardez ce chiffon. »

Plus loin le capitaine lui annonce que son ami est en bas, à la cale.

Elle descend, tombe sur quatre chevaux déjà pas très rassurés et leur cavaliers. Elle les salue, eux tiennent fermement la bride des chevaux.

Elle tend à Arthur son paquet, ce dernier l’ouvre

Arthur : Mon dieu quelle ruine ! Cette épée était une légende, un trésor du royaume de France Presque aussi puissante que Durandal, l’épée de Roland le preux. L’histoire nous raconte qu’elle contient deux reliques des douze apôtres, Crois-tu, Philippe, qu’il y a quelque chose à sauver, à part les huit pierres qu’il reste ?

Philippe : Je peux changer le cuir de la poignée, limer ici. Vous ne pourfendrez personne avec elle, mais vous parerez des attaques formidables. Les pierreries ne servent à rien, elles nous financeront.

Bertrand : A défaut d’avoir un archevêque sous la main, je la oindrai d’huile bénite, Messire, si vous avez la foi, elle sera puissante dans votre main.

Chapitrage

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