Déjà trois jours de mer, et l’île est encore loin. Le capitaine prétexte des vents inhabituels, la chaloupe qui les freine, les chevaux qui empêchent de gîter suffisamment pour prendre le vent au grand près. Il lui annonce que le voyage durera sept jours, sauf problème ou avarie.
Les provisions des chevaux seront sévèrement entamées, Philippe avait prévu deux semaines de fourrage. Arthur demande au capitaine une cargaison de foin et d’avoine à son retour, ce dernier accepte de bonne grâce. Les chevaux s’impatientent, tolèrent mal ce transport inhabituel étroit.
L’élève apprend vite grâce à une grande habileté, son professeur est talentueux et didactique, la trousse très complète malgré sa compacité. La première robe est un peu brouillon, après sept jours de travail, les deux suivantes de mieux en mieux, la dernière dépasse l’originale.
Avant l’aube de huitième jour, la faim intense se manifeste, elle visite les recoins de la cale, précédée par des rats, cueille le plus gros. Elle l’engloutit, la cloche à bord sonne, les marins ensommeillés quittent d’un bond leur hamac sans voir la queue qui file entre ses lèvres.
Le navire arrive en vue de l’île par le nord, une falaise de près de mille pieds. c’est là que se fait le transbordement, à l’abri du vent.
On accostera au sud, la plage est praticable. Au soleil levant, Matériel, fourrage, provisions sont déplacés vers la yole attachée à tribord
les chevaux sont soulevés un à un et mis à l’eau à l’aide d’un tourmentin. Philippe a la charge de les maintenir tranquille jusqu’à la plage
Le marchand rencontre son élève sur le pont. » Ma Dame, je souhaiterai vous offrir deux cadeaux, tout d’abord ce tube de bambou qui contient les patrons de toutes pièces de vêtements qui peuvent servir à une dame dans le grand monde, ensuite ce ballot de peau d’agneau retourné qui contient une cape que j’ai cousue pour vous ces derniers soirs, du lin vert sombre très serré protège de la pluie, doublé de soie vert clair étanche au vent. Seize morceaux de chaque tissus d’une toise de haut avec une ample capuche. j’ai fait une semblable pour Piccarda de Bueri pour son mariage. Elle vous sera précieuse, veillez à ne pas la tacher de sang ni la trouer » finit-il avec un sourire entendu et complice
Elle remercie d’une courbette. Tout le monde monte à bord, les cavaliers sont mis aux rames, l’invitée est à l’avant, les chevaux derrière.
le navire navigue à la marée montante, dans le courant et le vent résiduel, puis contourne l’île par l’ouest, ses voiles se gonflent, il accélère.
Arthur : Nous avons rendez-vous avec l’Irondelle dans une semaine.
Bertrand : peut-on avoir confiance en quelqu’un qui omet le H
Frédérick : je crois que je viens de lire la mouette bleue à l’arrière du navire.
Arthur : Il sait que ma bourse est presque vide. Il ne reviendra peut être pas, il nous reste au moins une semaine de nourriture, pour nous et nos montures, d’ici là continuons notre quête.
Le soleil se lève, la lumière blanchit, révèle le contour de l’île émergeant de la brume, les quatre cavaliers souquent ferme dans la marée.
Ils voient apparaître des sommets de près de deux milles pieds, prolongés jusqu’à la mer par des falaises battues par les vagues et le flot.
Ils contournent l’île par la coté éclairée au matin, avant d’arriver au sud, où un coin abrité de grève est abordable pour leur embarcation.
Philippe prend pied sur l’île, puis détache un à un les chevaux de la poupe pour les attacher à la proue, puis il guide les montures qui tirent la yole. Les chevaux de guerre, contents d’être enfin sur la terre ferme, hennissent de joie, en tirant la yole plus haut que la ligne de marée haute.
Philippe détache les chevaux, les amène à la rivière, les lave avec un seau en cuir et du savon et des brosses, nécessaire après une semaine dans une cale et deux heures dans l’eau de mer. Il graisse leurs fers pour prévenir la rouille.
Les autres font l’inventaire du chargement de la yole, rangé à la proue sous une toile cirée
Cent bottes de foin, une caisse de carottes, une autre de pommes, un sac d’un setier d’avoine, deux tonnelets de vin, un baril de lard salé, un autre de biscuits de mer, une jatte de beurre, peu pour une semaine, mais le fourrage prenait toute la place et les chevaux sont précieux.
La yole est équipée de six rames, d’une mâture non monté, et de deux voiles et des bouts nécessaires dans un coffre qui renforce l’étrave.
Chacun boit à la rivière et mange quelques biscuits et du lard. les chevaliers s’équipent de leur armure, armes, équipements et provisions.