Pains et poisons à Compostelle

chapitre en chantier

Bertrand confit les garçons aux bons soins des hospitaliers à S J de Compostelle pour soigner leurs blessures et leur hygiène et la Dame a quelques rendez-vous pour prendre soin d’elle, la fille de l’aubergiste qui va l’aider à prendre un vrai bain et apprendre à prendre soin de son corps et ensuite a rendez-vous avec une modiste pour apprendre à porter une vraie coiffure de jeune femme noble.

Pendant ce temps il part faire le plein de remèdes notamment de l’argile verte pour soulager ses genoux malmenés par cette chevauchée très intense, de deux journées dans une.

Après avoir acheter un pain et quelques douceurs, visité quelques échoppes, il se sent suivit. Il ferme un œil, prend une ruelle sombre dont les maisons qui la bordent empiètent sur le ciel et ne laissent qu’une mince raie de lumière du matin pénétrer jusqu’à la chaussée.

Un grand type maigre qui fait bien une largeur de paume de plus que lui en hauteur avec une trogne tout en creux et en bosses pénètre dans la ruelle à son tour et dégaine un couteau dont la lame émet des reflets verts et humides avant de rejoindre la pénombre. Il a des bras particulièrement longs.

A l’autre bout de la ruelle un autre homme, corpulent mais petit, avec un tour de taille d’au moins le double de l’autre, et le reste à l’avenant, arrive et dégaine lui aussi un couteau. Dans la venelle, résonne la chute de deux gouttes sur le pavé. Il arbore un sourire mauvais.

Bertrand sait que dans cette ruelle dans laquelle on peut passer à deux hommes épaules contre épaule, il n’a pas l’avantage pris en tenaille. Et pas moyen de passer derrière un des adversaires. Il va falloir en neutraliser un très vite, si possible le plus dangereux. Il se souvient de sa pratique de la lutte, jeune où sa masse lui permettait de triompher. Ici mettre son adversaire à terre très vite suffira. Il court vers le grand maigre, brandit sa dague bien haut, pointe en bas, puis tourne en s’accroupissant tout en tendant la jambe droite. Sa botte renforcée d’acier vient heurter les jambes de son adversaire au niveau des chevilles.

Un craquement retentit dans la ruelle en même temps qu’il arrive transmis par son corps. Son opposant s’étale au sol après avoir tenté de freiner sa chute de la main gauche. Bertrand saute à califourchon sur lui, lâche sa miséricorde, attrape le bras d’arme, lui tord dans le dos, s’empare de la dague dégoulinante de poison, et lui plante dans la paume puis dans l’omoplate. Il a juste le temps de récupérer son arme et de faire un bon en arrière que l’autre individu arrive sur lui.
L’homme pousse un ricanement en passant au dessus son collègue à terre.
Bertrand sort son pain et lâche le sac en toile qui le protégeait. Il change de main, sa dague dans la main gauche. Son pain dans la main droite. Il recule d’un pas et voit le regard interdit de son adversaire.

Bertrand : Tu m’as l’air d’un professionnel, J’espère que tu as l’antidote de ce poison.

L’assassin répond par un clin d’œil.

Il a déjà utilisé cette technique de poinçonner la main et l’omoplate elle n’est pas mortelle.

La longueur de la miche est équivalente à celle du couteau de l’adversaire. Bertrand pense qu’enfermer le poison ou même l’essuyer sur la lame va réduire le danger qu’il imagine mortel. Mais le grand maigre ne bouge plus et si il respire c’est difficile à deviner dans la pénombre.
Bertrand esquive plusieurs attaques par des bons en arrière. Il ne souhaite pas prendre la fuite car il veut obtenir des renseignements sur le commanditaire de ces hommes.
Avec un seul adversaire c’est raisonnable, surtout en neutralisant tout ou partie du poison dans la mie.Il repère la gestuelle de l’assassin et quand ce dernier se fend pour l’atteindre, il interpose son pain, qui avale la lame en entier. Bertrand fléchit le poignet vers le bas puis se baisse. Avec une forte torsion, son adversaire lâche prise et recule au delà du corps de son camarade.

Bertrand fait trois pas en avant en rangeant sa miséricorde. Il Prend en main le couteau, jette le pain derrière lui. Il avance jusqu’au corps inerte et récupère la dague qui a une garde solide dans la main gauche.

L’adversaire reste hésitant, son visage passe par plusieurs expressions avant de reprendre son sourire mauvais. Il sort une paire de stylets effilés qui doivent pouvoir se lancer. Bertrand bondit en avant, au corps à corps, l’adversaire ne lancera pas ses stylets. Peut-être pas.

Bertrand ressent des picotements dans le pouce droit. Et des élancements dans l’intervalle entre le pouce et la paume.
L’adversaire trébuche en reculant, la peur s’installe dans ses yeux.
Bertrand barre la ruelle d’un grand mouvement de taille avec le couteau, effleure le torse de son adversaire en déchirant son tabard sombre. Il double avec la dague dans les chairs de l’avant bras que l’adversaire a projeté en avant pour conserver son équilibre.

Cette dague effilée s’est plantée jusqu’à deux doigts de la garde. L’homme crie, expire, pleure de douleur puis demande grâce.
Bertrand : j’imagine que tu sens la présence du poison courir dans tes veines. Dis moi qui t’a payé pour me tuer et j’essaierai de te soigner.
L’homme claque de dents et bleuit du visage. Il s’assied
L’assassin : J’ ai l’antidote dans ma bourse, mon confrère aussi.
Bertrand : Je vais décrocher ta bourse et sortir le contrepoison pendant que tu me dis qui t’a payé.
L’assassin : C’est un homme qui tient un échoppe dans la rue des tanneurs, il vend des outils et des substances pour le travail du cuir et les artisans.

Après avoir vaincu ses adversaires, Bertrand se tient dans une position docte, la posture droite, les deux bras dans le dos, la main gauche enserrant le poignet droit.
l’assassin : Oui j’en ai un.
Bertrand : Je suis médecin, je constate que tu t’affaiblis et je peux t’administrer l’antidote, je suis prêtre, je peux aussi te donner les derniers sacrements. Choisis.

Bertrand reste discret en serrant fortement son poignet droit, car même si sa miche de pain a bien piégé la dague empoisonné, il a été blessé dans le replis de peau entre le pouce et l’index.
l’assassin : Dans ma bourse il y a une fiole. Mon camarade en a une aussi. Vu ma blessure, il me faudra rapidement deux doses.

Bertrand Fouille son interlocuteur avec sa miséricorde frôlant sa nuque. Il empoche une petite fiole avec un liquide d’aspect huileux et de couleur vert et marron et quelques reals. Puis tout en surveillant son adversaire conscient il fouille celui inanimé. Sa bourse contient des débris de verre et des restes de liquide, et quelques pièces.
Bertrand : Malheureusement ma manœuvre qui a brutalement mis au sol ton camarade a détruit sa dose d’antidote.
Quant à la tienne j’en ai besoin car malgré ma miche de pain tu m’as blessé légèrement à la main.
Sa main droite ne répond presque plus.De la main gauche, il tient la fiole et l’ouvre avec les dents et avale le contenu.

Bertrand : Il ne restait qu’une dose, pas moyen de te sauver. Dis moi qui t’a payé et qui t’envoie et je recommanderai ton âme à Dieu.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *